Nos aînés apprécient les plats traditionnels longtemps mijotés, qui sont pour eux des souvenirs de jeunesse. Seulement voilà : un pot-au-feu, c’est au moins 4h de cuisson. Il faut bien cela, pour rendre une viande tendre et fondante, surtout lorsqu’il existe des difficultés de mastication ou de déglutition.

Il est rare que l’on me commande des plats mijotés, tant cela est consommateur de temps, mais quand il s’agit de faire plaisir aux seniors dont je prends soin, je n’hésite jamais à retrousser mes manches. Pour certains d’entre eux, c’est une joie profonde que de pouvoir déguster à nouveau les plats de leur passé (même si je ne prétendrai jamais rivaliser avec la cuisine de leur maman ! ). Cependant, ce qui fait la magie du pot-au-feu, ce n’est pas le plat en lui-même, mais bien le temps consacré à le préparer.

Accorder du temps aux seniors : un geste important pour leur bien-être et leur qualité de vie.

Certaines de mes collègues dames de compagnie ou auxiliaire de vie, sont parfois missionnées 1 heure top chrono, juste le temps de réchauffer une barquette au micro-onde, de faire manger la petite dame à toute vitesse, et de ranger la vaisselle. Est-ce cela que nous voudrions pour nos vieux jours? 



Les seniors n’ont pas seulement besoin d’être habillés, nourris et lavés. Ils ont aussi besoin d’écoute, de compagnie, d’occupations en phase avec leurs envies, et aussi, de la chaleur de sourires bienveillants. Il ne s’agit donc pas de penser à la stricte « survie » de votre proche, mais de voir au-delà et de prendre en considération son bien-être. Et c’est d’ailleurs pour cela que l’on me recrute : parce que je prends soin de ceux que l’on me confie dans une vision autre que la simple vision utilitaire. Je leur offre attention, bienveillance et présence amicale, et la famille le perçoit très bien dans la qualité de mon accompagnement.

Alors, pendant que le pot-au-feu mijote doucement et empli la maison d’effluves réconfortantes, je prends le temps d’apporter le thé à votre parent, de discuter avec lui, de faire le tour de la maison, d’entamer une partie de cartes (j’attends toujours celui ou celle qui sera décidé à m’initier au jass! :), de prendre des nouvelles du chat, éventuellement de passer un coup d’aspirateur, bref, je prends le temps de le faire se sentir important, compris et apprécié. Bien sûr, personne n’est obligé de faire des plats mijotés 4 heures tous les jours! Simplement, faire les choses au rythme de votre parent et l’écouter, même lorsqu’il a déjà répété tant de fois cette anecdote, et lui offrir des repas bons, sains, et qui lui feront plaisir, tout cela, c’est prendre soin de lui.

Recette

Pour un petit pot-au-feu (2 personnes)

Le pot-au-feu est un plat complet et relativement digeste si vous omettez l’os à moëlle. De mon passé de nutritionniste spécialisée en Ayurvéda, je sais que la cuisson longue et lente permet non seulement de rendre la viande plus tendre, mais aussi plus assimilable. C’est un plat qui gagne encore en saveur, réchauffé le lendemain! Pour le réaliser, on choisit en général des morceaux à la fois maigres, gras et gélatineux, mais comme je cuisine en petite quantité, je me contente en général d’un morceau de jarret et d’un os à moëlle.

• Environ 600g de jarret
• 1 petit oignon
• 1 clou de girofle
• 1 gousse d’ail
• 1 bouquet garni
• 2 carottes
• 2 pommes de terre
• 1 navet
• 1/2 poireau
• 1 petite branche de céleri
• 2 tronçons d’os à moelle
• poivre en grains
• gros sel

Préparation :

1. versez environ 1 litre d’eau froide dans une marmite. mettez-y la viande coupée en gros morceaux et portez à ébullition 10 minutes. Puis laissez cuire 1 heure.
2. Lavez, épluchez tous les légumes, et coupez-les en morceaux assez gros. Pelez l’oignon. Piquez-le avec le clou de girofle. Écrasez l’ail pelé. Ajoutez le bouquet garni, le poivre, et du sel à votre goût dans la marmite contenant la viande.
3. Portez à nouveau à ébullition, écumez puis laissez mijoter sur feu doux à découvert 2 h.
4. Après 3 h de cuisson de la viande, ajoutez tous les légumes sauf les pommes de terre que vous ajouterez ensuite, et laissez cuire doucement pendant 1 h. Ajoutez un peu d’eau si besoin.
5. 30 minutes avant la fin, ajoutez les pommes de terre. Environ 20 min avant la fin de la cuisson, frottez les os à moelle avec une gousse d’ail des deux côtés. Faites-les pocher dans une casserole d’eau légèrement salée. Gardez-les au chaud dans la casserole à couvert. (Ceci est pour éviter que le bouillon ne soit trop gras, mais personnellement je ne les cuits jamais à part, mais directement dans la marmite du pot-au-feu).
6. Pour servir, égouttez les viandes et disposez-les avec les légumes. Ajoutez les tronçons d’os à moelle égouttés. Arrosez de 2 c. à soupe de bouillon. Certains préfèrent dégraisser le bouillon, ce que je ne fais pas. Il ne manque plus qu’un peu de moutarde de Dijon, et un bon verre de vin pour accompagner ce pot-au-feu!

Ps : Si votre proche a des difficultés ou des lenteurs digestives, supprimez l’os à moëlle qui pèserait trop lourd sur son estomac. Ensuite, il est rare qu’une personne âgée consomme beaucoup de viande, surtout s’il s’agit de viande rouge. Il reste donc souvent du pot-au-feu, que je transforme en hachis Parmentier le lendemain, ou en salade de boeuf le surlendemain…